En 2014, une loi destinée à prohiber le sexisme dans l’espace public a été instaurée. Elle vise à lutter contre tout propos ou comportement humiliant envers une personne en raison de son sexe. Si cette loi existe sur papier, elle n’avait jusqu’à présent fait l’objet d’aucune poursuite. C’est désormais chose faite puisqu’elle vient de donner lieu à une première condamnation.
Un petit pas pour la jurisprudence, un grand pas pour les femmes…
En 2016, un jeune homme avait été interpellé par deux policiers pour avoir grillé un feu rouge. Il s’était montré très agressif et particulièrement virulent envers l’un des deux agents, une policière. Il l’avait attaqué personnellement en raison de son sexe et n’avait pas hésité à proférer des menaces, des propos dégradants et des insultes devant de nombreux témoins. Cette scène – on le sait – n’est pas malheureusement nouvelle pour de nombreuses femmes. Or, pour la première fois depuis la création de cette fameuse loi, le sexisme vient d’être condamné et le prévenu devra payer pour de tels agissements.
Cela signifie donc que oui, on peut vraiment être puni lorsqu’on insulte une femme ou qu’on se montre méprisant à son égard. Il est important de rappeler que l’espace public ne concerne pas uniquement ce qui se passe dans la rue ou dans un lieu de grande affluence. C’est aussi valable pour ce qui se passe sur les réseaux sociaux ou encore sur le lieu de travail. La difficulté réside dans le fait que pour qu’un chef d’accusation soit retenu en la matière, un certain nombre de preuves sont nécessaires : une trace écrite, un témoin, etc.
Nous ne pouvons que nous réjouir que la justice ait tranché en faveur de l’intégrité de cette policière. Cette condamnation doit servir d’exemple et doit continuer à ouvrir les consciences de tous. Restons vigilants et soyons attentifs à ce qui se passe autour de nous. Qu’on soit victime de sexisme ou simple témoin, crions-le haut et fort. Parlons-en et continuons de dénoncer systématiquement toutes ces situations qui sont malheureusement devenues courantes et trop souvent impunies car passées sous silence. Lorsqu’on interroge les femmes sur leur vécu et leur expérience en matière de sexisme, les chiffres donnent le tournis : près de 9 femmes sur 10 disent avoir été victimes de comportements dégradants dans l’espace public…
Sexisme et inégalités à tous les niveaux
Le sexisme n’a pas sa place dans notre société : ni dans les lieux publics, ni au travail, ni dans la sphère privée. Pourtant, il est partout. La femme est régulièrement victime de discrimination à l’embauche, certains employeurs la caractérisant comme un choix risqué au regard d’une possible future maternité. Si l’on regarde les hauts profils dans les entreprises, on constate également que les plus grandes responsabilités continuent à être confiées de préférence aux hommes. Rares sont les femmes qui gravitent dans les sphères du top-management.
Parallèlement, à côté sa vie professionnelle, la femme doit aussi jongler avec ses « obligations » familiales et peine à trouver l’équilibre. C’est à elle qu’il incombe trop souvent encore de tout gérer : les tâches ménagères, l’intendance domestique, l’agenda, remplir le frigo, s’occuper des enfants, etc. Charge de travail versus charge mentale…
Pour couronner le tout, ce sont en majorité les femmes qui doivent se satisfaire d’emplois précaires, à temps partiels et avec des horaires difficiles. Ce sont aussi les premières victimes des décisions politiques : il suffit de regarder les dernières mesures mises en place ou envisagées par ce gouvernement en matière de pension ou de flexibilité, etc.. Les conséquences ? Plus d’inégalités et une remise en question de certains acquis sociaux fondamentaux.
En tant qu’organisation syndicale, nous dénonçons fermement toutes les formes de discriminations, d’inégalités et d’injustices à l’égard des femmes. Les plus petites comme les plus grandes. Nous les avons toujours combattu et nous continuerons de nous y opposer avec la même détermination. Décider de ne pas se taire, c’est le premier pas pour faire évoluer certaines mentalités. Alors ouvrons-la autant que possible pour faire écho à tous les discours sexistes et pratiques injustes envers les femmes !