Patrick Salvi (Setca) :
« Les politiciens sont hors-sol ! »
Après la forte mobilisation lors de la grève nationale, c’est l’heure du bilan pour Patrick Salvi, secrétaire régional de la Setca. Entre la crise énergétique et un climat gauche-droite déplorable, Patrick Salvi nous livre son analyse.
Quel est le bilan de la mobilisation de mercredi?
J’ai rarement vu une mobilisation aussi forte. On sent que l’enjeu est important. Tous les travailleurs, pas que les syndicats, se sentent concernés par la baisse du pouvoir d’achat. Beaucoup de gens n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Il n’a pas fallu grand-d1ose pour mobiliser les travailleurs. Les gens sont arrivés au point de faire des choix entre se chauffer ou se nourrir. Les familles, surtout monoparentales, doivent priver leurs enfants de loisirs, de voyages scolaires, d’anniversaires.
C’est dramatique que la vie sociale des familles soit aussi impactée. Alors, on peut comprendre
que la situation elle-même suffit à motiver les foules. La classe politique est hors-sol. Je salue les mesures qui ont été prises, mais elles sont complètement insuffisantes.
Qu’attendez-vous du gouvernement?
Un plafonnement des prix de l’énergie, une redistribution des super-profits. Tout ça n’a pas été entrepris alors que c’est le cas dans certains pays voisins. La Belgique est à la traîne sur ces points. Par exemple, en Italie, les carburants ont toujours été plus chers qu’ici. Mais maintenant, c’est l’inverse qui se produit.
Quand on veut, on peut le faire.
Quand le gouvernement répond que les syndicats se battent contre la mauvaise personne et que les entreprises souffrent aussi, que répondez-vous?
Il Y a deux choses. Les coûts énergétiques s’ajoutent à une revendication de liberté de négociation dans les secteurs. Il y a certes des secteurs qui sont plus en difficulté que d’autres, je l’admets. Mais il y a d’autres secteurs qui malgré la crise, génèrent énormément de bénéfices.
Par exemple, ceux de l’énergie ou de la chimie. Dans ces secteurs, il y a la possibilité de négocier ce que l’on demande.
On veut pouvoir négocier les salaires là où c’est possible.
On souhaite que la norme de 0 % pour les salaires soit indicative et non pas impérative.
C’est tout ce que nous demandons.
On pensait que le gouvernement irait plus loin, mais il ne l’a pas fait. On sait que la droite met des freins à nos revendications.
Et sur ce point, je vise Georges-Louis Bouchez, qui divise la population.
Vous faites allusion à ses dernières déclarations, notamment sur sa volonté de limiter le chômage après deux ans?
Oui. Si aujourd’hui, quelqu’un est exclu du chômage, cela va-t’il améliorer la situation d’un travailleur? Non, cela ne changera rien pour lui. Je me bats pour que les gens aient de meilleures conditions de travail, qu’ils ne passent pas leur vie à travailler en dépit de leur vie privée. Lui, n’amène aucune solution concrète et sème le chaos autour de lui. Il devrait mieux s’intéresser à sa région et la soutenir, au lieu de la critiquer.
C’est son parti qui bloque les discussions au gouvernement. Il y a des pistes de solution mais lui n’en présente aucune pour soulager la population. Il culpabilise les chômeurs, les malades de longue durée… La très grande majorité de ces personnes ne sont pas satisfaites d’être au chômage ou de percevoir la mutuelle, c’est du fantasme que de croire le contraire.
Qui peut vivre décemment avec le minimum à l’heure actuelle?
Comment vivez-vous cette situation au quotidien au sein de votre organisation?
Ce que je constate, c’est que les gens veulent travailler, mais soit les offres ne leur correspondent pas ou elles ne sont pas décentes.
Nous avons publié une offre d’emploi récemment pour un-e technicien-ne de surface.
Nous avons reçu en une matinée 56 demandes. Pour un autre poste de remplacement, en une journée, nous avons eu 170 demandes. Alors, quand on me dit que les chômeurs ne veulent plus travailler. ..
Moi qui m’occupe du secteur hospitalier, je constate que si les infirmières ont quitté le secteur, c’est parce qu’elles n’ont pas bien été considérées. Et ce problème ne se règle pas en un claquement de doigts.
En parlant d’hôpitaux, où en est le projet de fusion Helora?
Pour continuer à avancer sur le projet, je voulais avoir la garantie du volume de l’emploi, notamment sur les métiers supports (cuisine, nettoyage, entretien … ). Et je l’ai. Les discussions avancent dans le bon sens, mais il faudra encore un peu de temps pour tout articuler correctement.
INÈS ONANA
SUDINFO