Le 14 octobre dans la rue !

Le 9 juin 2024, nous votions pour tous les niveaux de pouvoir en Belgique et en Europe. Il aura fallu plus de six mois pour mettre en place un gouvernement fédéral, mais nous avons finalement obtenu la coalition Arizona avec le MR, la N-VA, Les Engagés, le CD&V et Vooruit. Le Gouvernement est parvenu en mai 2025 à un accord politique contenant d’importantes mesures sociales et fiscales qui auront un impact majeur négatif sur nos vies. Une partie de cet accord politique vient d’être votée au Parlement le jour de notre fête nationale. Afin de vous informer au mieux, nous vous présentons ici les mesures les plus importantes. Comme vous le constaterez, personne ne sera épargné sauf les détenteurs du capital. Malades, demandeurs d’emploi, travailleurs, (futurs) pensionnés, tout le monde sera touché. Si vous êtes une femme, ce sera pire !

Cela rendra le marché du travail encore plus flexible et permettra de licencier plus facilement pendant les premiers mois de contrat.

Cette mesure constitue encore un beau cadeau aux patrons.

Durées de préavis et indemnités de rupture seront plafonnées à un maximum de 52 semaines (12 mois) pour les contrats rompus après le 01/01/26. La limite actuelle était de 24 mois pour les contrats conclus à partir de 2013.

Il sera donc plus facile de licencier quelqu’un.

Exemple : Marie, employée à temps plein, a été engagée le 01/09/1996. Si elle est licenciée selon les règles actuelles de préavis, elle aura droit à 18 mois (période accumulée jusque décembre 2013) + 39 semaines (période à ajouter pour la période du 01/01/2014 au 01/01/2026), soit un total de 78 + 39 semaines = 117 semaines de préavis ou d’indemnités de rupture. Avec l’Arizona, elle n’aura plus droit qu’à 52 semaines, le reste, ce sera tout bénéfice pour l’entreprise. Marie arrivera sur le marché du travail 65 semaines plus tôt et par conséquent, la collectivité déboursera 65 semaines « plus tôt » les allocations de chômage. Ce n’est donc bon ni pour le taux d’emploi ni pour les finances publiques.

Le Gouvernement se donne bonne conscience en n’appliquant cette restriction qu’aux nouveaux contrats conclus à partir du 01/01/26. Encore faudra-t-il voir ce qu’est un nouveau contrat (quid des avenants ?). C’est la sécu qui paiera l’addition puisque une fois atteint 17 années d’ancienneté dans l’entreprise, le licenciement coûtera moins cher…

Depuis déjà quelques années, ce principe existe, mais n’est pas mis en application puisque qu’aucune convention collective n’a encore été conclue sur le sujet. Le ministre met les interlocuteurs sociaux sous pression pour conclure une CCT au sein de la commission

paritaire intérimaire d’ici septembre 2025. À défaut, on peut imaginer qu’il reviendra avec la mise en application par lui-même.

Un contrat d’intérim à durée indéterminée est par principe contradictoire. En effet, comment concilier intérim et durée indéterminée ? Des problèmes pratiques se posent également : que se passe-t-il entre différentes missions ? L’agence d’intérim va-t-elle payer le travailleur en l’absence de mission ou va-t-elle pouvoir faire appel au chômage économique, et devrons-nous alors payer ? À quelle commission paritaire ressortiront ces travailleurs ? Un travailleur pourra-t-il refuser une mission ? Est-ce que cela sera considéré comme un refus de travailler ?

Les flexi-jobs ont été créés pour blanchir le travail au noir dans l’horeca. Ils deviennent maintenant la norme partout, un emploi non taxé, hyper flexible et qui permet de compléter le revenu trop bas pour vivre d’un autre travail ou de la pension. Ces flexi-jobs peuvent être occupés par des pensionnés et les travailleurs qui ont déjà au moins un 4/5-temps. Un flexijob ne contribue donc pas au taux d’emploi puisque seules les personnes qui travaillent déjà peuvent en occuper un. À terme, les flexi-jobbers entreront en concurrence avec les travailleurs à temps partiel. Un temps partiel n’accèdera plus à des heures complémentaires, puisqu’elles seront plus chères pour l’employeur que l’utilisation d’un flexi-jobber. N’est-ce pas la mission du Gouvernement de mettre en place des mesures qui donnent à chacun un véritable emploi à durée indéterminée ? N’est-ce pas à lui de veiller à ce que les emplois soient de qualité ? Le revenu d’un seul job doit nous permettre de vivre !

Ces flexi-jobs ne sont soumis que partiellement à la sécurité sociale et pas du tout à la fiscalité. C’est donc un gouffre pour les finances publiques. Ces emplois n’entraîneront donc qu’une détérioration des finances publiques puisqu’ils viendront prendre la place d’emplois qui seraient soumis à l’ONSS et à la fiscalité.

La réduction collective du temps de travail permettrait une meilleure conciliation vie privée-vie professionnelle, renforcerait les finances publiques et la sécu car elle permettrait, via le remplacement, d’augmenter le taux d’emploi. Compte tenu du développement de l’intelligence artificielle et de ses conséquences sur l’évolution et le volume de l’emploi, nous devons nous pencher sur cette piste.

Le Gouvernement place les jeunes en concurrence directe avec les travailleurs, singulièrement avec les travailleurs à temps partiel. Ici aussi, des cotisations de sécurité sociale réduites, une fiscalité extrêmement allégée, voire pas du tout de fiscalité en fonction des montants gagnés. À nouveau, c’est une vraie épargne pour les employeurs et de l’emploi de qualité créé en nombre limité. Et à nouveau, c’est créer des groupes de travailleurs et installer une compétition et une antipathie entre ces groupes. Diviser pour mieux régner !

On parle de plus de 900 millions d’économies à réaliser. Où sont les hourras et soutiens apportés pendant le covid ? Quand rendt- on le secteur attractif ? La place doit être préservée pour la prévention.

Les allocations de chômage sont limitées à un maximum de deux ans. Pour avoir droit à 12 mois d’allocations, vous devez avoir travaillé au moins 312 jours (= un an) au cours des trois années précédentes.

Pour la deuxième année, vous devez avoir travaillé pendant au moins cinq ans. Chaque trimestre où vous avez travaillé donne droit à un mois d’allocations.

Toutes les recherches scientifiques confirment que cette mesure n’aide pas les gens à se remettre plus rapidement au travail.

De plus, elle ne créera pas un seul emploi. Les exclus seront renvoyés vers la pauvreté et la précarité. Comme certaines de ces personnes se tourneront vers le CPAS, nos villes et communes s’attendent à une importante surcharge de travail et à se retrouver en grande difficulté financière. Cette mesure rompt de plus avec le principe d’assurance sociale fédérale qui veut que quand on perd son emploi, on reçoit un revenu de remplacement. C’est un coup de canif sérieux dans la sécu. Une réforme de l’État qui ne dit pas son nom.

Savez-vous que les aides publiques reçues par les entreprises se chiffrent chaque année à près de 52 milliards d’euros, quand le budget du chômage est d’à peine 3 milliards !

Comme le chômage, la maladie n’est pas un choix. Cette mesure de remise à l’emploi forcée ne créera pas le moindre emploi. Que du contraire, la mesure va éliminer tous les travailleurs remplaçant des malades. Et enverra les exclus vers la pauvreté et la précarité.

Ici aussi, le principe de l’assurance sociale est remis en cause.

On pourrait encore parler de l’annualisation du temps de travail (calculer le temps de travail sur une base annuelle), de la suppression du nombre minimal d’heures par semaine (la règle du 1/3-temps saute), du travail du dimanche et du travail de nuit généralisé, ou encore de l’e-commerce encore plus facilité et moins cher, des commerces ouverts 7j/7 et jusque 21h ou encore des heures sup à gogo et moins chères. Aucune de ces mesures ne crée d’emplois supplémentaires ou ne permet à un demandeur d’emploi de trouver un travail plus rapidement. Au contraire, la relation de travail n’en deviendra que toujours plus flexible et individualisée. Les gens ordinaires paient à nouveau l’addition !

Et puis, pour boucler la boucle, la réforme des pensions va porter atteinte à tous, sauf aux riches. Combien de personnes dans la fonction publique vont voir leur système raboté ? Les régimes de fin de carrière sont largement eux aussi rabotés et la pension fera l’objet d’un malus si vous partez avant l’âge légal de la pension.

Tout cela pour un élargissement mineur de la pension anticipée (60 ans et 42 ans de carrière : 3% d’hommes pourront y accéder pour 1% de femmes), une mesure élitiste qui tente de cacher la lourdeur des carrières notamment pour les métiers lourds et pénibles, grands oubliés de cette réforme !

Les politiques de ce gouvernement sont hostiles aux gens ordinaires.

Toutes ces mesures, d’une manière ou d’une autre, vont défaire, limiter la création d’emplois dont le salaire est soumis à cotisation de sécurité sociale et à la fiscalité, ce qui réduira les moyens pour la sécurité sociale et pour les services publics.

L’Arizona diminue les moyens publics et continue à faire des cadeaux aux employeurs, qui ne doivent même pas créer d’emploi en contrepartie. Le « donnant-donnant », ça ne s’applique qu’à nous.

La droite, pour se faire élire, a promis € 500/mois en plus dans le portefeuille des travailleurs. Il n’en est rien. Si € 100 en plus par mois arrivent dans votre poche à l’horizon 2029, vous pourrez déjà être content. Et cette mesure coûtera en pratique très cher à la collectivité, puisqu’elle s’appliquera tant aux gros salaires qu’aux petits. Il ne s’agit donc pas de mesures qui sont faites pour rehausser les petits salaires, mais de mesures de défiscalisation coûteuses qui s’appliquent à tous, qu’on en ait besoin ou pas. Vous trouvez cela juste, vous ?

Autre point important, le ralentissement de l’indexation.

C’est vrai pour les pensions actuellement. C’est un premier pas pour démonter à terme purement et simplement l’indexation des salaires.

Nous le prédisons déjà pour le prochain contrôle budgétaire : l’augmentation du taux d’emploi ne sera pas au rendez-vous et les déficits publics ne seront pas sous contrôle.

Un nouveau tour de vis est annoncé. Pour nous, c’est NON !

Ajoutez à cela une politique migratoire toujours plus inhumaine, des reculs en cascade pour les femmes, une remise en cause de droits fondamentaux comme la liberté d’expression ou le droit d’action collective, une pression de plus en plus grande contre les syndicats.

De tout cela, nous ne voulons pas.

Un autre choix est possible et payable ! Ce n’est pas une utopie ! Nous exigeons le maintien d’une société meilleure pour tous basée sur la solidarité, la justice et la justice sociale, terreau de toute démocratie !

Nous serons dans la rue le 14/10 pour crier notre mécontentement !