Faut-il l’obtention d’un prix Nobel d’économie pour enfin doper le combat égalité hommes-femmes ?
Des travaux à propos des inégalités hommes-femmes de ces deux derniers siècles sur le marché de l’emploi récompensés par un prix Nobel.
Le 9 octobre dernier, c’est l’Américaine Claudia Goldin qui a remporté le prix Nobel d’économie pour ses travaux sur les inégalités hommes-femmes sur le marché du travail ainsi que les inégalités sur les revenus. Depuis les années 80, cette professeure de la prestigieuse université d’Harvard étudie les inégalités des femmes sur le marché du travail et les différences de traitement entre les hommes et les femmes. Nous savons déjà que les femmes n’ont pas le même traitement sur le marché de l’emploi que les hommes. Grâce à Claudia Goldin et ses travaux, et surtout à la mise en lumière de ses travaux par le prix Nobel d’économie, personne ne pourra plus fermer les yeux sur ce sujet.
Deux siècles de chiffres
Dans ses travaux, Claudia Goldin a mis en avant les facteurs d’inégalité sur le marché du travail durant ces deux derniers siècles.
Selon ses recherches, environ 50% des femmes dans le monde participent au marché du travail contre 80% pour les hommes.
Les femmes gagnent moins et ont moins de chances d’atteindre le sommet de l’échelle professionnelle, car elles se heurtent au plafond de verre. Le plafond de verre fait référence au frein que les femmes subissent et qui les empêche d’atteindre les plus hauts postes : elles ne peuvent pas, non parce qu’elles ne sont pas qualifiées, mais parce qu’elles sont des femmes.
Les attentes évoluent
Elle met également en perspective les attentes des femmes durant ces deux derniers siècles. Au début du 20e siècle, les femmes veulent un peu travailler avant de se marier et se consacrer à leur vie familiale. Après la Seconde Guerre mondiale, elles sont prêtes à être sur le marché de l’emploi une fois les enfants plus grands. L’introduction de la pilule dans les années 1960 a conduit les femmes à s’émanciper encore et à retarder le mariage, à vouloir partager les tâches du ménage. C’est également à ce moment-là que les femmes se tournent vers de plus longues études. L’éducation des femmes augmente de plus en plus, pourtant, pour une large part d’entre elles, elles ne sont pas rémunérées à la hauteur de leur diplôme.
Les femmes à l’heure actuelle se heurtent à d’autres difficultés encore : la monoparentalité, le difficile accès aux crèches, les temps partiels qui ont une conséquence sur leurs revenus tout au long de leur vie active et sur leur pension… Encore aujourd’hui, ce sont plus souvent les femmes qui travaillent moins, prennent un crédit-temps ou un temps partiel pour assumer l’éducation des enfants. Et pourquoi ? Parce qu’en 2023, ce sont le plus souvent les femmes qui gagnent moins dans un ménage et c’est le plus bas revenu qui est sacrifié.
Tout ceci favorise le retard sur le marché de l’emploi des femmes et elles le sentiront à leur pension.
Au SETCa, nous luttons pour qu’il y ait beaucoup plus de places en crèche pour que les femmes aient l’opportunité de travailler. Nous luttons également contre toutes les discriminations qu’une femme peut subir lors d’une embauche, au niveau du salaire, ou toute autre discrimination. Des CDI temps plein pour tous et toutes doivent être la norme. Nous voulons en finir avec ce monde patriarcal : chacun.e doit être engagé.e pour ses compétences et rémunéré.e en conséquence, homme ou femme.
L’octroi du prix Nobel d’économie est une opportunité de plus de montrer que le combat pour l’égalité hommes-femmes reste plus que jamais au centre de nos préoccupations quotidiennes. Méfions-nous des courants conservateurs et d’extrême droite qui parcourent le monde, l’Europe et la Belgique et qui n’ont de cesse de vouloir réduire le rôle de la femme dans notre société. La vigilance féministe doit être présente tous les jours, parce qu’ensemble, on est plus fort.e.s ! Vous subissez des discriminations sur votre lieu de travail ? Parlez-en avec votre délégué.e SETCa ou contactez votre régionale.










