Delhaize – CONSEIL D’ENTREPRISE 26 JUIN

Delhaize

CONSEIL D’ENTREPRISE 26 JUIN: QUOI DE NEUF?

Premier constat, le conseil d’entreprise n’avait pas encore commencé que la presse était déjà parfaitement au courant de toute une série de choses qui ne seront d’ailleurs, pour certaines d’entre elles, pas confirmées au conseil d’entreprise.

Ainsi, toute la presse relaie aujourd’hui qu’à partir du mois de septembre, au rythme de 8 magasins par semaine, l’opération de franchise serait terminée pour janvier 2024.

En d’autres termes en janvier 2024, il ne serait plus question de magasins intégrés chez Delhaize.

On peut raisonnablement se poser la question de savoir si le CE et les fuites dans la presse d’aujourd’hui ne font pas partie d’une vaste opération de communication «grand public» qui viserait à redorer un blason trop souvent abimé ces dernières semaines! et à démobiliser les travailleurs à l’aube des vacances, laissant à penser que leur combat est vain puisque le dossier serait déjà entièrement ficelé!

Essayons de décoder ensemble

La direction annonce, tambours battants, avoir suffisamment de repreneurs pour que tous les magasins puissent trouver acquéreur. 35% d’entre-eux sont du personnel Delhaize .

Des volontaires chinois, à quelles conditions, des faux indépendants?

En d’autres termes, quand la direction s’engage à ne pas franchiser les magasins intégrés qui n’auraient pas trouvé de repreneur, elle sait que c’est un engagement vide de sens, les candidats à la franchise sont là ! 45 magasins seront notamment repris par du personnel « en propre» de Delhaize. Du rythme de la franchise, du début de l’opération, il n’en n’est pas question au CE …

Delhaize vient ensuite avec des points présentés comme des avancées:

  • L’avenant de contrat. reprenant vos avantages rémunératoires individuels sera finalement également signé par le repreneur. Cela dit. qu’il le signe ou pas ne changera rien, la convention 32 bis s’applique à lui. C’est un beau document. mais dont le contenu n’est pas révolutionnaire. C’est juste une mesure cosmétique qui permet à Delhaize de dire « voyez, il y a des engagements du repreneur ».
  • Prenons un exemple, les restrictions médicales : Delhaize nous dit «les documents médicaux resteront valables ». Certes, si vous avez une hernie discale, elle ne va pas disparaître au passage chez le franchisé . Par contre , le franchisé gardera toute latitude de dire «je n’ai pas de place pour des gens dont la capacité à travailler est limitée ». Là, vous serez seul face à votre nouveau patron, tout nu, sans garantie aucune! Plus de délégation syndicale pour vous défendre! Techniquement. votre document de restriction médicale restera valable, mais sans aucun effet pertinent! Le discours de Delhaize est beau mais rempli de vide .
  • Delhaize s’engage à payer les compléments crédit temps fin de carrière (2x €148/mois pour un mi-temps / complément du fonds social et celui de l’entreprise) . Rappelezvous, Delhaize a d’abord dit à tous les travailleurs, « aucun avantage ne sera perdu … » Puis, oups, nous lui avons fait remarquer que pour les crédits-temps fin de carrière, la CCT 32 bis ne couvrait pas les avantages du fonds social … Damned! Pas bon pour l’image de Delhaize : un groupe de 500 personnes qui perdrait 300/mois jusqu’à sa pension … pas bon pour l’image de marque! Ce revirement n’est pas tombé du ciel : en conciliation, il y a une quinzaine de jours, nous avions clairement interpellé la direction sur le sujet. en disant qu’elle mentait aux travailleurs lorsqu’elle disait qu’ils n’allaient rien perdre lors du passage chez le franchisé . Il s’agit d’une avancée pour un groupe extrêmement limité de personnes qui pourront garder leurs compléments crédit-temps et ne rien perdre. Ne rien perdre, ce n’est pas encore dit. puisque la direction ne s’engage pas sur le traitement fiscal et parafiscal réservé à ces primes. Vous pourriez très bien passer d’une prime nette à une prime brute, ce qui réduirait considérablement la valeur finalement dans votre poche. Comment le montage se fera, aucune ligne n’est écrite sur le sujet.
  • Une« prime de transition plantureuse» pour les travailleurs «sages et méritants» : Dernière chose que la direction annonce, et c’est évidemment retentissant, il s’agit de l’octroi d’une prime de transition aux collaborateurs en magasin qui passeront à la franchise. On parle de €1500 bruts forfaitaires plus €100 par année d’ancienneté (prorata pour les temps partiels) . De la poudre aux yeux, puisque cette prime est liée au mérite des travailleurs , et au fait que le magasin soit particulièrement bien tenu pendant la « période de transition ». La direction indique clairement que le travailleur doit être en service au moment de la transition et, qu’il doit avoir été actif pendant cette période de transition, soit au cours de la période de référence de 13 semaines. Des conditions strictes existent concernant les KPI (les résultats des ventes, le nombre de visites clients) et sur une évaluation de l’état du magasin. Au moment de la transition , on parle de 2 % de produits périmés maximum (la norme habituelle et entre 3 et 4 %) , tous les pianos 23-24 dans leur dernière version doivent être respectés et 2 % maximum de produits manquants. Autrement dit, si vous voulez accéder à cette « prime de transition », il est temps de stopper les mouvements de grève, les maladies, les vacances ou quoi que ce soit, puisque tout cela viendrait supprimer la prime. Bref, oserait-on écrire que la direction s’achète une paix sociale à coup de primes de transition , divise les travailleurs et individualise encore plus ce drame social ?

Parlons 2 minutes des services centraux:

un licenciement massif y est organisé mais explicitement en détournant la loi Renault, c ‘est-àdire en « perlant» les licenciements de manière à ne pas devoir parler de licenciement collectif et, ainsi ne pas devoir négocier.

Depuis des mois, nous disons qu’il existe des CCT qui protègent les travailleurs des services centraux : la CCT mobilité interne et la CCT de secteur sur la sécurité d’emploi. Delhaize a d’abord dit, « rien ne s’applique » … et puis, maintenant, à la suite à notre pression constante, elle en arrive à reconnaitre à mots couverts qu’elle doit payer des préavis supérieurs aux préavis légaux. La direction ne respecte pas encore tout à fait la CCT mobilité interne mais on s’en approche. Par contre, la procédure Renault reste méprisée, la CCT sectorielle aussi.

Pour les cadres dont le poste disparaît, c ‘est une avancée, la CCT mobilité interne et ses préavis plus  favorables ne s’appliquaient pas à eux. Pour les employés, ce n’est que l’application approximative de la CCT mobilité. Les seules modifications apportées par rapport aux conventions passées sont  relatives à l’utilisation de la voiture de société pendant trois mois maximum et le fait que l’outplacement (4 semaines) ne soit pas déduit de la durée du préavis.

En contrepartie de cela, en pratique, Delhaize continue à mépriser toute notion de licenciement collectif et la loi Renault.

Que penser de tout cela?

Si les travailleurs n’avaient pas organisé une résistance sociale, la direction n’aurait rien mis sur la table. Le peu qui est sur la table, ce sont vos actions qui les ont amenées.

Est-ce suffisant? NON!

Nous continuons à dire que la franchise n’est pas la solution. Que continuer à exploiter les magasins en intégré est possible et rentable! Que Delhaize est le fossoyeur de tout le secteur et que les mesures mises sur la table, à grand renfort de communication presse, ne sont que le papier-cadeau d’un cadeau qui reste empoisonné : la franchise et le dumping social qu’elle implique.

Delhaize a réussi à nous amener aux vacances, il espère que tout va revenir à la normale et qu’en septembre les premières franchises auront lieu. Pour cela, on déploie les grands moyens, une prime à la sagesse et au mérite …

Après les tribunaux, après les huissiers, après les flics, Delhaize amène le fric … pour aider à la transition. Nous ne voulons pas de transition , nous voulons un avenir!

Nous n’avons pas dit notre dernier mot … il y va de l’avenir d’un secteur. Derrière les 9200 travailleurs Delhaize,

il yen a 100000 autres qui attendent de savoir à quelle sauce ils vont être mangés!

Restez à l’écoute de vos délégués, mobilisés, ne rien lâcher!